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Rencontre - Ana Lucia Gonzalez, co-directrice de l’association L’ÉPOK

« Les communs, ça se travaille  ! »

L’habitat participatif ne s’improvise pas. C’est précisément pour accompagner les futurs habitants, mais aussi les collectivités et les promoteurs dans la réalisation de ces projets de long terme, qu’a été créée l’Association l’Épok, qui fête ses 15 ans cette année. Coop de Construction a bénéficié de son expertise sur plusieurs programmes ces dernières années. Sa co-directrice, Ana Lucia Gonzalez, partage ici sa vision d’un « habiter autrement ».   

C’est une association dont le nom ne prendra jamais une ride. L’Épok (avec un k, comme un clin d’œil à son ancrage breton) accompagne depuis 15 ans les évolutions de son époque et les réflexions en faveur de l’habitat participatif. Née en 2008 à l’ombre de l’association Parasol, qui met en réseau les acteurs autour de l’habitat participatif en Ille-et-Vilaine, L’Épok a été créée pour proposer un accompagnement opérationnel sur ces questions souvent complexes. « Il s’agissait de séparer la sensibilisation et le plaidoyer, assuré par Parasol35, et l’accompagnement, en particulier des groupes d’habitants, dans ce que l’on appelle de l’assistance à maîtrise d’usage », précise Ana Lucia Gonzalez, co-directrice de l’Épok.

Rapidement, s’est posée la question de l’accompagnement des autres acteurs de la chaîne de construction  : les collectivités locales, qui s’intéressent à ce type d’habitat, les promoteurs coopératifs qui retrouvent dans cette approche des valeurs de solidarité et d’entraide qui correspondent à leur raison d’être... C’est le cas, notamment, de Coop de Construction. À l’époque ( !), son président Olaf Malgras est aussi le cofondateur de Parasol35, et il comprend rapidement l’intérêt d’encourager les coopérations entre les deux structures.  

Une démarche collective

Aujourd’hui, c’est effectivement avec Coop de Construction que l’Épok a réalisé le plus grand nombre d’opérations. On peut citer, entre autres, les programmes rennais les Graines Urbaines, le Fil Hémon, ou encore le Grand Chemin à Chevaigné… Les liens sont anciens et la confiance, réelle. « Nous avons une vision stratégique partagée, de la direction générale aux monteurs d’opérations en passant par la communication ou le service financier », souligne Ana Lucia.

(Photo EPOK)

« Notre rôle consiste à faire comprendre à tous les acteurs de l’habitat participatif qu’il ne s’agit pas d’une démarche individuelle, mais collective », ajoute-t-elle.

Au sein de l’Épok, pas d’architectes ou de conducteurs de travaux, mais des metteurs en liens... Elle-même historienne de formation, Ana Lucia a connu très tôt ce mode d’habiter en Colombie, dont elle est originaire. « À Bogota, où j’ai grandi, cette culture fondée sur l’entraide et la solidarité est très forte », souligne cette fille de professeurs de français.  

« Il faut accepter de poser un cadre, des règles du jeu partagées,

dès le départ du projet. »  

Lorsqu’on l’interroge sur les facteurs de succès de ce type de démarche, elle répond sans hésiter : « c’est l’importance du travail en commun, ce vouloir « aller plus loin » ensemble. Il faut accepter de poser un cadre, des règles du jeu partagées, dès le départ du projet. On ne peut jamais partir d’une feuille blanche car il faut tenir compte des règlements en vigueur, de la contrainte budgétaire… », énumère-t-elle, en soulignant que chaque projet relève d’une approche « sur-mesure ».  

Voisinage intergénérationnel

Qui sont, aujourd’hui, les candidats à ce type d’aventure  ? « Depuis le Covid, nous accompagnons de plus en plus de femmes seules, en retraite ou pré-retraite, qui ne veulent pas vieillir en étant isolées et qui misent sur l’entraide et un voisinage intergénérationnel », répond Ana Lucia. Pour ces futures habitantes, ce qui compte, ce n’est pas tant le local de bricolage partagé, souvent réclamé par les hommes, que la dimension solidaire du projet  !

« Notre obsession, à L’Épok, c’est de faire en sorte que le projet opérationnel réponde aux usages des futurs habitants. Par exemple, il ne sert à rien d’imaginer une salle commune sans toilettes attenantes, ou sans prises électriques en nombre suffisant », illustre-t-elle. Avant de conclure dans un grand sourire  : « les communs, ça se travaille  ! ». C’est la mission de l’Épok, depuis 15 ans déjà.

Coop de Construction est fière de s’adjoindre ces compétences essentielles pour accompagner ses projets d’habitat participatif. Et actuellement, trois nouveaux programmes sont à l’étude selon cette méthodologie, à Noyal-Châtillon-sur-Seiche et à Rennes (La Courrouze et Le Blosne). 

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