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Interview : Honoré Puil, vice-président de Rennes Métropole en charge de l’habitat

Honoré Puil,
« Nous devons inventer une nouvelle gouvernance collective des acteurs de la production de logements »

Jérôme Nicolas

Le prochain Programme Local de l’Habitat  (PLH) de Rennes Métropole prévoit la construction de 5.000 logements neufs par an sur la période 2023-2028, dont 1.250 en locatif social. Le point sur les ambitions et les innovations de cette démarche, avec le vice-président de l’agglomération rennaise délégué à l’habitat et au logement.

Le prochain PLH est voté en mars et contient de nombreuses innovations. Que faut-il en retenir ?

Honoré PUIL - Ce programme décline une volonté forte autour de l’idée du « pouvoir d’habiter », avec quatre orientations principales. La première vise à maîtriser la chaine immobilière et à lutter contre l’envolée des prix. La deuxième vise à loger l’ensemble des publics présents sur notre territoire. Troisième orientation : protéger les publics et notre patrimoine commun. La 4e, enfin, qui est sans doute la plus innovante dans ce type de démarche, vise à mieux associer les habitants lors de l’élaboration des projets immobiliers.  Chacune de ces quatre orientations se déclinent en actions très concrètes.

Lesquelles, par exemple ?

Honoré PUIL - Concernant la maîtrise immobilière dont je parlais à l’instant, nous souhaitons, et c’est nouveau à l’échelle de la métropole, organiser la dissociation du foncier et du bâti sur l’ensemble des fonciers publics, pour pouvoir maîtriser les prix sur   20 ans environ. En ce qui concerne l’accession sociale à la propriété, le bail réel solidaire porté par l’Office Foncier solidaire sera étendu à 31 communes de Rennes Métropole, soit 22 de plus qu’actuellement. Cela permettra aussi de limiter la flambée des prix dans ces opérations, puisque l’OFS reste propriétaire du foncier « pour l’éternité ». 

Quel rôle vont jouer les acteurs locaux dans cette nouvelle orientation ?

Honoré PUIL - Dans ce nouveau cadre, pour produire du logement en accession sociale, nous aurons besoin de tous les acteurs, les bailleurs sociaux et les coopératives comme la Coop. C’est un axe fort du PLH. Car il faut souligner que sur les 5.000 logements neufs produits par an dans le cadre de ce nouveau PLH, jusqu’en 2028, il y en aura 1.250 en locatif social. Et 10% du total devra être réalisé en recyclage urbain, par exemple en transformant d’anciens bureaux en logements. 

Le nouveau PLH veut loger « tous les publics ». Avec quels moyens ?

Honoré PUIL - Afin de loger les publics les plus fragiles, souvent confrontés à une notion d’urgence, nous allons développer des habitats transitoires ou intercalaires, sur du foncier disponible en attente de projets. Il existe des terrains qui restent en jachère durant deux ou trois ans avant la sortie d’une opération immobilière. Nous pourrons y installer de l’habitat mobile.
Nous pensons aussi aux étudiants, de plus en plus nombreux sur notre territoire, avec l’assurance de livrer 3000 logements étudiants en 2026. Et à l’autre bout de la vie, aux seniors, en préparant Rennes Métropole au vieillissement de sa population. Nous allons contractualiser avec chaque commune pour produire du logement « favorable au vieillissement ».

Et la transition écologique, comment comptez-vous y répondre ?

Honoré PUIL - Nous allons construire autrement, en généralisant progressivement le référentiel bas carbone pour toutes les constructions neuves. Nous allons également travailler plus finement la question des « qualités d’usage » des constructions, avec des logements traversants, de la lumière, des balcons, et une place plus importante accordée à la nature avec une plus grande végétalisation des programmes.

Un promoteur-constructeur coopératif comme Coop de Construction pourra participer à ce PLH ?

Honoré PUIL - 

Evidemment ! Tous les acteurs de la construction et du logement ont une place garantie dans la mise en œuvre de ce programme. A Rennes Métropole, l’accession sociale à la propriété est exclusivement réservée aux bailleurs sociaux et aux coopératives, ce qui n’est pas le cas partout ailleurs en France. A charge pour eux de prendre toute leur place et de proposer des solutions innovantes. Pour cela, nous allons certainement devoir aller vers une gouvernance collective des acteurs en charge de la production de logements, pour travailler en étroite collaboration. On aura une plus forte régulation des prix avec ce nouveau PLH, ce qui suppose que la Métropole soit plus présente encore aux côtés des acteurs professionnels. 

Propos recueillis par Xavier Debontride

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