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Les enseignements « terre à terre » de Salvatierra, projet précurseur

Les valeurs coopératives, un atout en période de crise

C’est une réalisation emblématique et audacieuse : au début des années 2000, Coop de Construction participait à l’aventure de Salvatierra, un immeuble construit en partie en terre, dans le quartier rennais de Beauregard. Daniel Guillotin, administrateur de la Coop, explique ici la modernité de ce projet précurseur.

Peu de Rennais s’en souviennent, mais il existe depuis vingt ans dans le quartier Beauregard un immeuble qui a contribué en son temps à définir la notion européenne de « bâtiment passif ». Cet édifice, que rien de distingue à premier vue de ses voisins, c’est la résidence Salvatierra. Son originalité se trouve dans son système constructif. Une partie de ses murs sont en effet réalisés en bauge, à partir de blocs préfabriqués de 50 cm d'épaisseur constitués d'un mélange humide d'argile, de paille d'orge hachée et de ciment, moulé, comprimé puis séché́. Une technique ancestrale remise ici au gout du jour pour ses performances énergétiques. Et Coop de Construction a été au cœur de ce projet, dont elle était l’unique promoteur. Non sans risques et sueurs froides, tant le côté prototype de la réalisation avait entrainé à l’époque de sérieux dérapages budgétaires  !

Deux décennies plus tard, que retenir de cette innovation  ?

« Salvatierra a permis ensuite à la Coop de travailler à de nouveaux projets, comme la résidence Villa Belle Ile à Mordelles, qui a utilisé la biobrique, la récupération d’eau de pluie, le chauffe-eau solaire… »

souligne Daniel Guillotin, administrateur de la Coop qui a participé à cette aventure et rappelle que « Salvatierra a été précurseur sur la définition de la réglementation RT 2012, et cela dès 2001  ! ».

Préfiguration audacieuse

À l’heure où l’économie circulaire et les matériaux bio-sourcés ont le vent en poupe, le projet Salvatierra, conçu par l’architecte Jean-Yves Barrier, ressemble donc à une préfiguration audacieuse. Les blocs de bauge servant à édifier la façade sud de l’immeuble ont été produits par l’entreprise Guillorel à Montauban-de-Bretagne, tandis que le pignon et la façade ouest incorporent de la laine de chanvre recouverts d’un bardage bois. Avec, à la clé, des performances thermiques appréciables  : frais lors des grandes chaleurs estivales et tempéré l’hiver.

Il a toutefois fallu faire de la pédagogie auprès des habitants pour leur partager « l’art d’habiter » dans cet immeuble passif au fonctionnement innovant, avec son système de chauffage double flux, son réseau de chaleur, ses panneaux solaires pour les chauffe-eau...

Référentiel bas carbone

Vingt ans plus tard, quelles leçons en tirer ? Sur un plan strictement économique, Salvatierra accusait un très important déséquilibre financier. L’investissement s’est élevé à 5,6 millions d’euros, et certains financements promis – notamment ceux de l’Union européenne- n’ont pas été apportés au niveau initialement fixé.

Mais Daniel Guillotin en est convaincu  :

« Il est toujours possible de construire en terre au 21e siècle  ! Nous avons d’ailleurs des projets en ce sens avec Néotoa et l’association Ecomaterre à Via Silva ».

Plus globalement, il constate un engouement croissant de la part des habitants pour les matériaux éco-conçus et bio-sourcés, et notamment le bois, comme dans l’a montré le succès commercial de réalisations récentes à Plaisance, Saint-Gilles ou Orgères. 

La réglementation va également y contribuer  : le référentiel bas carbone de Rennes et de la métropole sera applicable aux ZAC publiques dès le 1er janvier 2023, avec des exigences supérieures à la réglementation nationale en termes de performance énergétique et de matériaux biosourcés. Fidèle à sa tradition innovatrice, Coop de Construction entend bien y répondre avec des solutions durables et performantes lors des prochains appels à projets métropolitains.

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